Rechercher dans ce blog

mardi 1 mai 2012

Sécurité dans les aéroports, un enfer pour les voyageurs aux Etats-Unis

Files d'attente interminables, désorganisation, agressivité des contrôles, listes noires, suspicion généralisée, harcèlement: c'en est assez pour beaucoup de voyageurs aux Etats-Unis qui renoncent de plus en plus souvent à prendre l'avion et multiplient les actions en justice. L'aviation civile et les agences de sécurité sont sur le grill et la rébellion commence à porter ses fruits. 

Cette semaine, dans le magazine en ligne très populaire Gizmodo, le journaliste Andrew Tarantola posait la question: « Quelle distance seriez-vous prêt à conduire si cela pouvait vous éviter les dispositifs de sécurité des aéroports? » Pour lui, la réponse est déjà une réalité: « Lorsque j'ai du m'occuper de mon voyage vers Los Angeles au cours de ce week-end, j'ai réalisé que je préférerai conduire quatorze heures plutôt que d'endurer le harcèlement de la TSA (l'Administration de la Sécurité des Transports, NDA) ». Ce ras-le-bol est en train de se répandre aux Etats-Unis, à tel point qu'il affecte le voyage aérien et suscite la colère y compris au sein des autorités elles-mêmes. 

Ce n'est pas faute, pour les cinq membres du Congrès américain qui ont rendu public, en novembre dernier, leur rapport sur la TSA dix ans après sa création, d'avoir tiré la sonnette d'alarme. Ils y dénonçaient alors une administration devenue « championne de la bureaucratie avec 3896 employés en son siège, payés en moyenne 103 852 dollars (78 000 euros, NDA), et 9656 responsables sur le terrain ». Et au total, rappelaient-ils, « la TSA emploie pas moins de 65000 personnes. De plus, elle a dépensé 57 milliards de pour une multitude d'échecs techniques et opérationnels ». 

Les membres du Congrès ont rapporté 25000 brèches dans la sécurité des aéroports auxquelles ce dispositif gigantesque et coûtant une fortune au pays n'a rien pu faire. Mais le pire est sans doute que sur tous les plans, le système des aéroports américain est cassé, comme l'expliquait le Wall Street Journal le 15 avril dernier. Pour le quotidien, « le voyage aérien serait plus sûr si l'on autorisait les couteaux, les briquets et les liquides et si l'on se concentrait sur les nouvelles formes de complot terroristes ». 

Or, la TSA est en passe de devenir l'agence fédérale la plus détestée des Etats-Unis, et ce qui suit n'est en rien l'exception qui confime la règle.

Le cauchemar de Stephen Persaud: un mois pour rentrer chez lui 

Stephen Persaud, lui-aussi, en sait quelque chose. Le 11 mai 2010, ce Californien s'apprête à rentrer d'un stage professionnel d'infirmerie aux Iles Vierges avec sa femme enceinte et leur petit garçon de seize mois, par un vol sur American Airlines. Mais lorsqu'il se présente pour l'enregistrement au guichet de la compagnie, l'écran de l'agent au sol clignote et émet un signal d'erreur. Aussitôt, cinq agents gouvernementaux apparaissent et il se trouve emmené dans une salle pour y subir un contrôle en règle et un interminable interrogatoire. « Nous savons que vous vous êtes rendus en Somalie » finit par lui lancer l'un des agents. « Nous voulons savoir où, quand, et quels endroits vous avez visités ». Pendant ce temps, l'épouse de Stephen Persaud et leur enfant sont mis à bord d'un avion en direction de la Californie. Mais lui se trouve bientôt confronté à cette déclaration ahurissante: « Vous êtes sur la liste des personnes interdites de vol ». Et ce n'estt pas de très bon augure pour lui. D'ailleurs, la suite, pour lui, va tenir du véritable cauchemar. 

Vous êtes peut-être sur la liste noire... 

La no-fly list est une liste qui existe désormais dans de nombreux pays du monde et contient les noms d'individus suspects ou reconnus coupables d'activités ayant un lien avec le terrorisme, qui se voient refuser l'embarquement à bord de tout vol lorsqu'elles se présentent dans un aéroport. Aux Etats-Unis, cette liste s'est allongée de manière exponentielle au cours des dernières années et consigne désormais pas moins de 21 000 noms parmi lesquels ceux de 500 citoyens américains. Il est néanmoins impossible d'obtenir des autorités le contenu de cette liste, le nombre exact des inscrits et les raisons invoquées. Stephen Persaud avait peu de chances de venir à bout des questions des agents qui l'avaient arrêtés puisqu'on ne lui signifia jamais ce qui lui était reproché hormis cette allusion à un voyage en Somalie. 

A l'issue de son interrogatoire, Stephen se vit simplement signifié qu'il ne serait pas autorisé à prendre un vol pour rentrer chez lui. Il a du, pour rentrer chez lui, louer une voiture et passer huit heures sur l'autoroute surchargée jusqu'à Saint-Thomas, d'où il embarqua pour une croisière forcée de cinq jours pour rejoindre Miami. De là, il prit un train dont le trajet dura deux jours pour atteindre Washington, puis un autre train pour aller à Chicago et enfin un dernier train direct pour pour Los Angeles, d'où il put regagner sa maison d'Irvine et retrouver sa famille au terme d'un mois de périple. 

... mais pour le savoir, tentez le diable 

Une situation tellement absurde qu'on la croirait exceptionnelle. Mais il n'en n'est rien. De plus, si Stephen Pursaud était vraiment soupçonné d'être lié à une activité terroriste, la preuve était faite qu'un terroriste potentiel pouvait tout simplement choisir le bateau et le train comme moyens de parcourir les Etats-Unis tout en étant interdit de vol. C'est pourquoi notre Californien s'est joint à la plainte collective de quinze autres passagers - tous Musulmans, pour la précision - qui ont attaqué en justice le FBI et le gouvernement, appuyés par l'ACLU, l'Union pour les Libertés Civiles. Les plaignants demandaient leur retrait de la liste no-fly, ou à défaut, le droit d'être entendus par un juge lorsqu'ils étaient confrontés à des allégations infondées. La plainte a été rejetée par un juge de Portland qui a préféré botter en touche arguant du fait que l'affaire devrait plutôt être traitée par une autre juridiction. Une autre plainte a donc été formée et le 10 mai prochain, une Cour fédérale entendra les arguments. A l'heure actuelle, une personne qui s'estime injustement placée sur la liste no-fly (ce qui revient pour le quidam à expliquer qu'il n'est pas un terroriste et pour un terroriste à protester contre son inscription) peut écrire au Department of Homeland Security (l'Administration gigantesque en charge de la Sécurité intérieure aux Etats-Unis) mais, un comble, elle ne connaîtra jamais l'issue de sa démarche. Il lui faudra acheter un nouveau billet d'avion et tenter de prendre un vol dans un aéroport pour savoir si elle passe librement la sécurité ou pour se voir de nouveau embarquée par les agents fédéraux et subir un interrogatoire en règle. 

Abus sexuels, humiliations, intimidations, vols 

Les comportements et les pratiques des agents et des systèmes de sécurité dans les aéroports américains ont atteint de tels niveaux d'inefficacité, d'abus et parfois, de pratiques criminelles, que les médias n'en finissent plus de rendre publiques des affaires qui vont de la pure bêtise humaine à la cruauté. 

Dans le Huffington Post, la journaliste Lisa Belkin .twitter.com/lisabelkin a relaté le 19 avril l'histoire de Jacob Wisnick. Ce garçon de dix ans, diabétique et devant se déplacer en permanence avec sa pompe a insuline reliée à son bras, a du faire face avec sa mère à la peur et à l'humiliation engendrées par les agents de la TSA de l'aéroport international de Chicago. Tout cela parce que le type d'équipement auquel était relié cet enfant ne pouvait tout simplement pas passer par le détecteur à rayons X destinés aux sacs. Pour résoudre cette grave affaire, plusieurs agents armés ont encadré l'enfant et la mère pour leur faire traverser un epartie de l'aéroport jusqu'à une salle d'examen. Plus tard, enfin à bord de son vol, Jacob fut contraint à couper son dispositif et à le placer entre ses jambes alors que son poids lui écrasait les parties génitales. Ce n'est que bien plus tard qu'au cours d'une communication avec la TSA, sa mère a appris qu'en vertu de la règlementation, Jacob aurait pu tout simplement passer deux ou trois fois sous le portique a détection des passagers et que cela aurait suffit. Il a été victime d'un abus manifeste. 

Au Texas, c'est un membre du Congrès américain, Canseco, qui a du subir une palpation très dérangeante par un agent très agressif de la TSA, en avril, jusqu'à ce qu'il finisse par prendre sa main et la rejeter, afin de provoquer l'arrivée de son supérieur sur les lieux. Toujours au Texas, c'est la petite fille de 7 ans du pédiatre Joshua Josh et de son épouse qui a fait les frais du sadisme ordinaire de la TSA. Handicapée moteur et mentale, la petite fille Dinaest toujours très effrayée par la tension dans les aéroports et les dispositifs de sécurité. Afin de la rassurer, ses parents ont pour habitude de demander poliment aux agents de contrôle de se présenter à elle afin de la mettre à l'aise. Mais ce jour-là, l'agent était bien trop occupée pour entrer dans de telles considérations et s'est emballée. Le pédiatre a eu le reflexe de mettre en route la caméra de son téléphone portable, et c'est un agent hurlant, insultant et manaçant que l'on peut y voir devant une petite fille totalement traumatisée. La famille a manqué son vol et la TSA n'a toujours pas fait de commentaires au sujet de cet incident. 

Pour John Pistole, une simple "pagaille" 






Suite:
Sott

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire